Depuis le dernier Éditaux :

  • Le taux de l’OAT 10 ans a cédé 9 bp, passant de 0,83 % à 0,74 %, retrouvant le milieu du canal dans lequel il oscille depuis près d’un an
  • Les indices actions sont globalement stables
  • l’EUR/USD est resté stable (1,24)
  • L’Eonia et l’Euribor 3 mois, dirigés par la politique monétaire de la BCE, sont également stables (respectivement -0,36% et -0,33%)

 

OAT 10 ans, de mai 2017 à avril 2018

Au final, une relative stabilité sur la période malgré des épisodes volatils.

 

Nervosités des marchés sur fond de guerre commerciale


Le mois de mars a connu une nouvelle période de nervosité. Le S&P 500 a connu sa première baisse trimestrielle depuis 2015. Les observateurs attribuent ce décrochage à la guerre commerciale à laquelle se livrent les États-Unis et la Chine : des surtaxes sur l’acier chinois réduiraient les marges des entreprises américaines, tandis que des barrières douanières en Chine pénaliseront les exportateurs américains.

Mais ce coup de projecteur médiatique sur une thématique ancienne ne doit pas occulter les fondamentaux : la croissance mondiale tutoie les 4 %, l’économie mondiale reste synchronisée, et en Europe les taux longs très bas permettent toujours aux entreprises de se financer à un coût inférieur au rendement de leur actif industriel.

 

Niveau record de fusions-acquisitions


Le contexte de taux bas et la vigueur de la croissance offrent un terrain de jeu idéal pour les entreprises en quête de croissance externe. Les fusions et acquisitions ont atteint un record mondial au premier trimestre 2018, avec 1200 milliards de dollars de transactions.

Des financements obligataires abordables et des trésoreries pléthoriques permettent ces opérations d’envergure. Cependant, sans être absurdes, les valorisations commencent à devenir élevées une fois les primes de contrôle intégrées.

 

La BCE attentive au change…


Les minutes de la BCE publiées le 12 avril ont fait apparaître un ton plus accommodant que prévu. Le biais prudent (que l’on retrouve aussi côté Fed) est encore d’actualité, ce qui limite toute possibilité de forte remontée des taux longs.

Plus spécifiquement, la BCE a indiqué que la force de l’euro était source d’aléas et d’incertitudes, et que la politique monétaire devait en conséquence rester prudente.

Le niveau de l’euro est un sujet épineux au sein des gouverneurs…

D’un côté, ceux qui estiment que la stabilité des changes n’entre pas dans le mandat de la BCE et que son niveau ne doit pas peser dans les décisions de taux. De l’autre, ceux qui voient dans la force de l’euro un frein à l’inflation et considèrent qu’il est naturel d’intégrer le change dans l’équation.

 

… mais surtout divisée sur l’inflation


Derrière ce point de gouvernance se cachent des divergences profondes entre les membres du Conseil. Alors que les perspectives d’inflation tardent à se matérialiser, certains membres pensent que l’inflation a déjà atteint son potentiel maximal. Ils estiment que poursuivre la politique de liquidités abondantes risque de créer des dangereuses bulles financières.

Nous avons longuement évoqué le sujet de l’inflation au cours des précédents Éditaux, et c’est réellement la clé pour comprendre les mouvements de taux à venir.

Cette division rend les décisions plus difficiles, et retarde toute évolution majeure des taux. Divisée entre Faucons (les plus favorables à une hausse des taux rapide) et Colombes (qui privilégient le maintien d’une politique accommodante), la BCE maintient néanmoins son cap : les hausses des taux n’interviendront qu’après la fin du programme de rachat de titres… dont la date est encore inconnue.

 

La petite phrase « faucon » de Nowotny sème le trouble


Les investisseurs et trésoriers en mal de placements rémunérateurs peuvent se consoler avec cette petite phrase d’Edward Nowotny, gouverneur de la banque centrale autrichienne et membre du conseil de la BCE, qui penche du côté « Faucon ».

Dans un entretien à Reuters, il a évoqué la possibilité d’amorcer la remontée des taux courts en ramenant le taux de dépôt de -0,40 % à -0,20 %, avant de s’attaquer à une remontée du taux le plus significatif, le taux refi (actuellement à 0%). Autrement dit, un découplage de la remontée des taux, alors qu’ils évoluent en général en parallèle.

(Ces détails vous laissent de marbre ? Nous avons détaillé les différents taux de la BCE dans un précédent article : Comprendre la politique de la BCE en 3 minutes)

Il a également ajouté que les rachats d’actifs, que la BCE prévoit de poursuivre jusqu’en septembre à hauteur de 30 Md€ par mois et dont l’avenir reste à définir, devraient définitivement s’arrêter cette année.

La réaction de la BCE a été rapide : « Les opinions exprimées par le gouverneur Nowotny lui appartiennent. Elles ne représentent pas l’opinion du Conseil des gouverneurs ».

 

Un découplage des taux courts favorable aux placeurs


Si ce scénario de Nowotny se réalise, ce serait une bonne nouvelle pour les placeurs.

Une remontée du taux de dépôt, sans attendre que le contexte soit adapté pour une remontée du taux refi, signifierait une réévaluation des taux de dépôt sur les comptes à terme. Les banques, moins réticentes à accumuler des liquidités, offriraient de meilleures conditions.

 

Opportunités sur les comptes à terme


Pour les taux longs, nous maintenons notre vision d’une lente hausse tout au long de l’année, ponctuée d’épisodes de volatilité.

Côté taux courts, la vision « Nowotnienne » est encore trop marginale pour se transmettre aux swaps Eonia et à Euribor, mais Le marché recèle toujours de bonnes opportunités sur les comptes à terme bancaires.

Des taux supérieurs à 0,50% à 1 an sont actuellement envisageables. Et en augmentant la maturité du placement, vous pouvez même dépasser les 1% tout en bénéficiant de possibilités de sortie.


Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici