Nous vous souhaitons une très bonne année 2018.

Mais nos vœux de bonheur et de prospérité seront probablement superflus, car si l’on en croit le consensus des marchés, l’année 2018 sera forcément une bonne année !

La croissance mondiale a trouvé son rythme de croisière, proche de 4%, et beaucoup d’indices laissent supposer qu’elle ne s’arrêtera pas de sitôt :

  • la croissance est bien répartie dans les pays (178 pays sont en expansion sur 192), ce qui la rend plus résiliente,
  • le commerce international marque un important rebond,
  • l’investissement remonte après des années de restriction,
  • le chômage décline partout dans le monde,
  • les conditions monétaires sont toujours accommodantes,
  • la hausse des actions et de l’immobilier entraîne un effet richesse qui encourage la consommation…

En conséquence, le marché voit la vie en rose. L’indice de la volatilité anticipée, le VIX, qui a passé plusieurs mois sous le seuil psychologique des 10%, le plus bas de son histoire, comme si aucun imprévu n’était envisageable en 2018.

Et jusqu’à présent, tous les fonds qui ont tenté de jouer une remontée de la volatilité en ont été pour leurs frais.

 

Deustche Bank liste 30 risques qui pèsent sur les marchés


En règle générale, lorsqu’il y a unanimité, il y a aussi un risque : le marché a besoin de contradicteurs pour fonctionner correctement.

C’est Deutsche Bank qui joue le rôle du trouble-fête en recensant 30 risques qui pèsent sur les marchés en 2018.

Dans cet inventaire à la Prévert diffusé par le site d’information américain MarketWatch, on trouve pêle-même des risques géopolitiques, électoraux, économiques, de marché…

Face à ce menu un peu déstabilisant, nous retenons surtout le risque du retour de l’inflation, plus particulièrement en Zone Euro et précisément en Allemagne !

L’inflation a pour l’instant été la grande absente du paysage économique, hors hausse du prix des actifs financiers.

En compressant l’intégralité de la courbe des taux d’intérêt, les Banques Centrales ont revalorisé mécaniquement les prix des actions, des obligations et de l’immobilier, sans que les salaires ou les prix à la consommation ne progressent. On craignait même la déflation il y a deux ans !

Mais un premier signal de transmission à l’économie réelle pourrait venir d’Allemagne…

 

IG Metall demande 6% d’augmentation


Le puissant syndicat allemand IG Metall, qui représente les industries de la métallurgie, de l’automobile, du textile, de l’habillement, du bois et du plastique, organise actuellement une série de manifestations et de grèves dans le cadre du renouvellement des accords de branches.

Ces débrayages touchent notamment les constructeurs automobiles, réputés pour choyer leurs salariés en période de bons résultats. On se souvient des gratifications attribuées par Porsche à ses salariés, pouvant atteindre 9 000 euros les bonnes années.

Pour les 3,9 millions d’employés qu’il représente, le syndicat exige une augmentation salariale de 6% et des facilités d’aménagement du temps de travail permettant une semaine de 28 heures avec une compensation salariale partielle par l’employeur.

La fédération patronale, Gesamtmetall, propose une augmentation de 2% et déclare la réduction du temps de travail impossible par manque de personnel qualifié.

Si les débrayages sont habituels lors des négociations salariales en Allemagne, le ton actuel est bien plus âpre qu’à l’accoutumée. Le syndicat, qui n’a pas organisé de grève nationale depuis 2003, est en effet en position de force pour négocier : les usines tournent à plein régime, les recrutements sont difficiles et les salaires ont peu progressé par le passé malgré des profits en hausse.

 

Le travailleur allemand, l’hirondelle qui fait le printemps ?


Certains économistes y voient un signe du le retour de l’inflation salariale.

« Ces dernières années, la faible inflation avait limité les revalorisations salariales, déclare Felix Schröter, de l’institut IFO. Mais compte tenu de la forte demande de personnel des entreprises et des nouvelles prévisions d’inflation, nous tablons sur une certaine pression à la hausse ».

L’IFO prévoit ainsi une augmentation des salaires en Allemagne de 3,4% en 2018 et de 3,5% en 2019.

Pour notre part, nous estimons l’embrasement général des salaires peu probable en Zone Euro. La situation de l’Allemagne, proche du plein-emploi, nous semble particulière. Nous pensons qu’il faudrait une multitude de foyers pour que les prix ne s’enflamment, et surtout beaucoup de temps car les facilités accrues de délocalisation et l’uberisation de certains pans de l’économie continuent de créer un effet de « bois mouillé » sur les prix. La flambée prendra du temps !

Cependant, même si les prix ne montent pas partout en Zone Euro, le cas allemand pourrait suffire à accélérer le raffermissement monétaire…

 

L’influence de l’Allemagne permettrait un raffermissement monétaire


On le sait, l’Allemagne a toujours eu une attitude très prudente vis-à-vis de l’inflation, et elle risque d’être de plus en plus vocale à ce sujet.

Jens Weidmann, actuel président de la Bundesbank, candidat sérieux à la succession de Mario Draghi à la tête de la BCE, demandait récemment à la BCE de communiquer plus clairement sur le terme de son programme de rachat d’actifs, plutôt que de laisser la porte ouverte à de multiples prolongations. Et nul doute que Jens Weidmann haussera le ton si l’inflation salariale allemande dépasse 3% !

 

Le bout du tunnel pour le trésorier ?


Pour le trésorier d’entreprise qui doit placer ses excédents et limiter le coût de portage, le bout du tunnel approche.

Les Banques Centrales ont longtemps donné la préférence aux emprunteurs. Par un mouvement de balancier, la politique monétaire favorisera désormais petit à petit les épargnants et les détenteurs de trésorerie.

Ce raffermissement sera lent et commencera par des clarifications sur le terme du quantitative easing : en 2018, c’est la rhétorique autour de l’inflation qui dirigera les taux d’intérêt.

 

Quels placements de trésorerie dans ce contexte ?


Pour un horizon inférieur à un an, les comptes à terme à taux fixe permettent d’éviter les taux négatifs et sont une très bonne solution.

À plus long terme, face à une probable repentification de la courbe des taux, il faut privilégier les placements qui offrent des possibilités de sortie sans pénalité afin de pouvoir rester flexible et choisir d’autres produits le moment venu. Et pour cela, les comptes à terme à taux progressif restent l’instrument à privilégier !


Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici