Les marchés ont peu évolué depuis notre dernier Éditaux.

L’EONIA reste proche de -0,36% et l’Euribor 3 mois autour de -0,32%.

Dirigés par la Banque Centrale Européenne, les taux courts ne s’écarteront pas de ces niveaux tant que perdurera la politique de taux négatifs.

Côté taux longs, c’est également la « tôle ondulée » : le taux de l’OAT 10 a oscillé entre 0,65% et 0,80%, sans tendance majeure. La volatilité est toujours compressée sur tous les marchés.

 

En France, la croissance au plus haut depuis 2011


Cocorico !

L’INSEE a relevé sa prévision de croissance pour 2017, la voyant accélérer à 1,8 %, contre 1,6% en juin dernier après trois années de croissance proche de 1%. Fait suffisamment rare pour être mentionné, les prévisions de l’INSEE dépassent même celles du gouvernement (+1,7%) !

Ce niveau, inédit depuis 2011, reflète l’optimisme qui gagne les chefs d’entreprise depuis plusieurs mois. C’est l’investissement des ménages et surtout des entreprises qui tire la croissance, aidé par des taux d’intérêt toujours bas. L’indicateur du climat des affaires a ainsi atteint en septembre son plus haut niveau depuis début 2011.

Si ce rythme de croissance se concrétise, il s’agira d’une heureuse nouvelle pour l’exécutif qui pourra compter sur des recettes supplémentaires pour tenter de ramener le déficit public sous 3% du PIB cette année.

L’inflation en zone euro, quant à elle, reste très contenue : à 1,5% (et 1,3% hors énergie), elle ne parvient pas à s’approcher des 2% tant souhaités.

Et cette inflation trop basse cause des dilemmes à tous les banquiers centraux…

 

La Fed divisée sur les hausses de taux, notamment à cause de l’inflation


Le compte-rendu de la réunion de la Fed (les fameuses « Minutes ») de septembre a été rendu public le 11 octobre.

Côté taux directeurs, le consensus est à peu près clair : une hausse lors de la réunion de la Fed des 12 et 13 décembre semble acquise, sauf élément majeur qui viendrait rebattre les cartes. Le marché estime à plus de 80% la probabilité de cette hausse des taux, ce qui porterait les taux directeurs américains à 1,25-1,5%.

Au-delà, c’est beaucoup moins clair. Malgré l’intention affichée de poursuivre cette remontée progressive des taux, les gouverneurs sont divisés. Le chômage est toujours au plus bas, ce qui plaide pour un resserrement monétaire, mais les facteurs de modération des prix initialement considérés comme ponctuels semblent bien partis pour durer… Sans inflation, aucune raison de remonter les taux.

La courbe des taux américaine, déjà bien plate sur le segment 5-10 ans (5 ans : 1,94% ; 10 ans : 2,34%), indique la fin d’un cycle d’expansion économique. Il paraît alors difficile de passer les taux directeurs au-delà de 2%, sous peine d’inverser la courbe et d’envoyer un signal très défavorable pour la prise de risque.

Outre les mouvements de taux directeurs, la fin d’année 2017 marquera le début de la réduction du bilan de la Fed. Après avoir porté la taille de ce dernier à 4 500 Md$, elle cessera très progressivement de renouveler une partie des obligations arrivant à échéance.

Elle devra pour cela user de précautions oratoires et de finesse pour ne pas apeurer les marchés, nourris depuis des années à la liquidité artificielle. Cette réduction du bilan jouera en effet le rôle d’une petite hausse des taux.

 

En Europe, même histoire… avec un peu de retard


Côté Banque Centrale Européenne, les gouverneurs reconnaissent la nécessité, eux aussi, d’alléger le soutien monétaire, devenu moins nécessaire avec le retour de la croissance.

La réunion de la BCE du 26 octobre devrait préciser l’avenir de la réduction du programme massif de rachat obligataire au-delà de décembre 2017. Mais elle devra tenir compte, elle aussi, d’une inflation toujours inférieure à l’objectif.

 

Nous anticipons toujours une stabilité des taux longs


Dans ce contexte, nous anticipons toujours une stabilité des taux longs européens dans les mois à venir. Les relèvements de taux directeurs et les réductions des bilans des banques centrales pèseront probablement sur les marchés obligataires, causant des tensions ponctuelles sur les taux longs.

Néanmoins, sans hausse flagrante de l’inflation, nous estimons que ces hausses seront compensées par les nombreuses occasions du marché de se faire peur (tensions avec la Corée du Nord, poussées indépendantistes en Espagne, essoufflement du marché actions, et autres épisodes de stress par nature imprévisibles !) causant des épisodes de « repli vers les valeurs refuge » et de baisse des taux longs.

Pas de tension majeure à attendre sur les taux longs, mais nous sommes plutôt réservés sur le sort des actifs qui ne rapportent rien (or, matières premières, mais aussi certaines actions), qui seraient les premiers à souffrir en cas de réduction maladroite ou trop brutale de la liquidité.


Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici