Il n’y a pas d’investissement sans risque.

Tout le monde a déjà entendu cette phrase.

L’image la plus commune pour tout investisseur est la baisse du prix de ses actifs (par exemple des actions).

Cependant la seule dévaluation d’un titre financier n’est pas l’unique risque encouru pour un investisseur et tous ne peuvent être couverts.

Chaque risque présente des particularités propres à chaque instrument financier.

L’analyse du risque et le calcul du risque global restent un élément très complexe, car il faut prendre en compte l’interconnexion du marché.

Les méthodes les plus courantes pour atténuer les risques pour l’investisseur sont les couvertures via les produits dérivés (instruments financiers négociables pour gérer les risques de marché, par exemple via un contrat d’option de vente appelé communément PUT qui confère à l’acheteur le doit de vendre une certaine quantité à un certain prix dans une période donnée.  Cet achat permet de se protéger contre une baisse du cours) ou encore la diversification. « Ne pas mettre ses œufs dans le même panier »

Pour représenter le risque total, je vous propose de faire appel à vos notions de mathématique du collège avec le théorème de Pythagore.

Le triangle des risques :

 

La relation entre le triangle de Pythagore et la compréhension du risque s’explique par le fait que le risque de marché (systématique) et le risque spécifique sont totalement indépendants.

 

Le risque de marché ou risque systématique


On définit le risque de marché comme la perte potentielle liée à un mouvement du marché et concerne tous les instruments financiers.  Les cours varient en fonction de l’offre et de la demande. Si la demande diminue, le cours peut baisser alors que les qualités intrinsèques de l’instrument financiers[1] ne sont pas remises en causes.

Le marché dicte les prix, et les investisseurs selon leur comportement, peuvent influencer ces prix.

Lorsque les investisseurs considèrent que les marchés sont trop risqués, ils lui fuient, ce qui peut provoquer une baisse des cours plus ou moins brutale. Dans un cas extrême, cela entraine un « krach » boursier tant redouté.

A l’inverse, lorsque la demande devient de plus en plus forte cela propulse la valeur des titres, alors se crée une « bulle spéculative »

 

Le risque spécifique ou risque émetteur


A l’inverse du risque de marché lié aux mouvements du marché, le risque spécifique est une perte liée à la variation des prix d’instruments financiers (variation défavorable) indépendamment de l’état du marché.

Cette variation du prix dépend donc de l’évolution de la situation de l’émetteur qui va être perçue par les investisseurs.

Par exemple, le prix d’une action baissera si l’entreprise fait une annonce de pertes non anticipées, même si le marché des actions est à tendance haussière.

Pour éviter le risque émetteur, l’investisseur peut diversifier son portefeuille, on dit que le risque est diversifiable, ce qui n’est pas le cas pour le risque de marché.

L’association non dissociable des risques systématique et spécifique représentent pour les investisseurs leur risque total encouru

 

La maîtrise des risques


L’ensemble des entreprises d’investissements et de crédit jouent un rôle essentiel dans l’économie d’un pays en apportant aux entreprises et aux particuliers des moyens de paiement, de financement à court- moyen- long terme, et permettent le placement de l’épargne publique.

 

La règlementation est donc indispensable sous deux points :

  • Assurer la sécurité du système financier (moteur de l’économie -> réglementation prudentielle)
  • Garantir la protection des clients (maintien du niveau de confiance -> réglementation des affaires)

 

La réglementation prudentielle


Elle vise à garantir la solidité et la pérennité du système financier, en s’assurant que les établissements financiers disposent un niveau de fonds propres minimum leur permettant de faire face aux risques qu’ils encourent.

En France, c’est l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) qui veille au respect des normes prudentielles pour les entreprises d’investissements, d’assurance et mutuelles, et les établissements de crédit.

Plus globalement, la réglementation prudentielle française est fondée sur les principes des accords de Bâle.

Les accords de Bâle, dont le premier date de 1988, joue un rôle directionnel dans l’harmonisation des normes prudentielles et des méthodes de contrôle dans le monde.

Le premier accord a introduit la notion du ratio « Cooke » (ratio prudentiel), dont l’objectif était de traduire les risques subis par les banques et de leur imposer des fonds propres minimaux (8% de rapport entre les fonds propres et le niveau de risques encourus).

 

En 2004, le second accord, Bâle II, était orienté sur la compréhension de la diversité des risques pour inciter les entités à en renforcer la gestion, via la prise en compte de nouveaux critères dans le calcul des risques encourus, la transparence financière, et la mise en place d’un système de surveillance interne aux entreprises.

Le troisième accord, Bâle III, est mis en place à la suite de la crise financière de 2008 et à la demande du G20. Cette mise en place d’exigences réglementaires s’étend jusqu’en 2019. Il vise à renforcer la qualité des fonds propres exigés, à augmenter la couverture des risques liés au crédit et la liquidité disponible, et vient également limiter l’effet de levier pour les banques.

 

Enfin, le TLAC (Total Loss Absorbing Capacity), s’adresse aux banques d’importance systémique d’un niveau mondial où il leur est imposé de disposer d’un niveau de fonds propres entre 16% et 20% du total de leurs actifs pondérés par les risques, pour permettre une absorption des pertes. (Constituer une réserve en cas de crise)

Toute cette réglementation a un impact sur les banques et établissements financiers car cela représente un coût pour la mise en place. Les clients peuvent ainsi subir une répercussion de ces coûts par une rentabilité plus faible ou par un coût du crédit plus important à titre d’exemple.

 

Cependant malgré ces conséquences négatives subies à court terme, il faut considérer cette mise en place réglementaire sur le long terme. En effet, ces réglementations se sont de plus en plus renforcées afin de ne pas reproduire les mêmes conséquences apportées par la crise financière de 2008.

 

La réglementation de la conduite des affaires


Cette réglementation concerne la relation avec les clients. Elle couvre la connaissance approfondie du client, le contrôle de l’information apportée et du respect des règles d’exécution des transactions sur les marchés et la prévention des conflits d’intérêts au sein des établissements financiers.

Plus généralement, la régulation des affaires vient protéger les investisseurs vis-à-vis des établissements financiers.

 

Sur les marchés financiers il existe de nombreux risques liés à des mouvements spécifiques, des comportements, ou alors totalement extérieur aux marchés. Chaque risque à une conséquence pour les investisseurs et pour les établissements financiers présents sur les marchés, comme l’a démontré la précédente crise financière.

Les marchés financiers sont interconnectés, et pour limiter la propagation des risques, la réglementation des marchés et des acteurs joue un rôle prédominant dans l’économie mondiale.

 

Malgré tous ces moyens mis en œuvre, les régulateurs sont-ils allés assez loin ?
Ces dispositifs, permettront-ils d’amortir les conséquences de la prochaine crise sur l’économie réelle ?

Joanna Contributrice

 

Depuis plus de 10 ans nous voyons que la réglementation des marchés financiers et des produits qui les constituent est de plus en plus encadrée par diverses autorités (Autorité des Marchés Financier, Securities and Exchange Commission, États …) Même si l’impact des crises financières restent en mémoire de tous, il n’a pas rare de constater que lors d’une émergence d’un nouveau marché, les autorités de régulation se retrouvent face à des récalcitrants qui prônent la déréglementation des marchés.

A titre d’exemple, le marché d’échange des quotas carbones. Il s’agit d’un marché jeune en plein structuration réglementaire, ainsi la spéculation et les dérives financières sont nombreuses. Ainsi tout comme la bulle financière liée aux crédits immobiliers, il est commun d’entendre qu’il se développe une « bulle carbone ».

Les marchés financiers évoluent sans cesse, ainsi la réglementation doit continuellement s’adapter à ses évolutions et doit les anticiper afin d’éviter toute dérive.

Le but de ces dispositifs par l’anticipation et la protection des investisseurs est d’amortir voire d’éviter la prochaine crise sur l’économie réelle. Cependant malgré tous les dispositifs réglementaires et les simulations de crise (stress test) il n’est pas possible de prévoir quelles seront les conséquences d’une nouvelle crise financière car les risques reposent sur des aléas (événements imprévisibles).


[1] On appelle instrument ou produit financier tout contrat ou titre pouvant être échangé, négocié sur les marchés financiers.