Dans un monde de taux bas, la rentabilité des banques remise en question


La BCE a confirmé la semaine dernière que les taux bas perdureraient bien après la fin de son programme de rachat d’obligations, prévu pour s’éteindre progressivement dans les années à venir.

Cette persistance de taux bas relance le débat sur la rentabilité des banques.

Si l’activité de crédit reste dynamique en volume, sa marge est compressée par la faiblesse des taux accordés aux emprunteurs et par les vagues de refinancement des crédits immobiliers.

Mais c’est au chapitre des dépôts bancaires que les banques souffrent le plus. Autrefois ressource précieuse et donc bien rémunérée, le dépôt est aujourd’hui un fardeau : difficilement facturable au client, l’excès de liquidité reste dans le bilan des banques et finit souvent replacé à taux négatif dans le marché interbancaire ou à la BCE.

 

 

Une étude pour dépassionner le débat


Face à l’argument du secteur bancaire faisant le lien entre faible pente de la courbe des taux, moindre rentabilité, moindre solvabilité et augmentation du risque systémique, la BCE a publié la semaine dernière une étude sur la rentabilité des banques dans un contexte de taux bas.

Si l’étude reconnaît la corrélation entre taux bas et moindre profitabilité bancaire, elle n’y voit pas de causalité directe. La faible rentabilité observée en période de taux bas, dit-elle, est provoquée en premier lieu par le contexte économique. Autrement dit, dans un contexte morose, les banques souffrent comme toutes les entreprises et les banques centrales ne font que réagir en baissant les taux directeurs.

Surtout, elle estime que les taux bas mettent un long moment à détériorer la rentabilité, et que cet effet néfaste est compensé par l’amélioration macroéconomique plus rapide engendrée par les taux bas. Une période de taux bas contribue même à réduire le risque de crédit du secteur et augmenter la rentabilité des actionnaires, conclut-elle.

 

Alors, tout est rose lorsque les taux sont bas ?


Les faits donnent pour l’instant raison à la BCE. Les résultats bancaires ont presque renoué avec ceux d’avant-crise dans un contexte prudentiel pourtant plus exigeant.

Ces débats sur les taux ont malheureusement tendance à occulter le réel défi du secteur bancaire : la transformation du modèle de banque de détail !

 

Référence :
Lien vers l’étude de la BCE : https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/scpwps/ecb.wp2105.en.pdf


Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici