Vous êtes nombreux à nous demander comment apprendre à épargner.

Avant de répondre à la question, accordez-moi une petite digression.

Il y a fort longtemps, mon sujet de bac de philo était « Le langage sert-il uniquement à communiquer ? ».

La réponse est évidemment non ! Les mots servent aussi à structurer la pensée et orienter les actions.

Si vous avez eu la chance de discuter sur Skype avec Cédric, le fondateur de Plénit Finances, vous avez sans doute lu la maxime qui accompagne sa photo :

« On ne peut transformer que ce dont on a conscience »

Et comment prend-on conscience des choses ? Avec le langage, avec les mots !

Vous connaissez forcément une personne ayant subi pendant des années un blocage jusqu’à ce qu’elle arrive à mettre un mot sur ce qu’elle ressent, lui offrant la libération tant attendue : c’est le pouvoir des mots.

Mais revenons à l’épargne. Comment apprendre à épargner ? En commençant par utiliser les bons mots.

Il faut d’abord connaître la différence entre économiser, épargner et investir.
Des concepts qu’il ne faut pas confondre, même s’ils sont parfois utilisés – à tort – de façon interchangeable !

 

Économiser : optimiser les dépenses


Économiser, c’est, à revenu fixé, organiser ses dépenses de manière à maximiser la satisfaction que l’on en tire.

Étymologiquement, l’économe est la personne chargée de répartir des ressources.

La fonction d’économe existe encore dans les hôpitaux, les établissements religieux, les grands hôtels…

L’économe identifie les besoins, achète les marchandises, négocie leur prix, il fait tout pour approvisionner son établissement avec la meilleure qualité de produits tout en respectant son budget. Bien loin du grippe-sou qui s’accroche au moindre centime !

Pour les finances personnelles, c’est la même chose.

Cela vous paraît compliqué ? Pourtant c’est exactement ce que vous faites (inconsciemment) lorsque vous éteignez la lumière en quittant une pièce : vous identifiez une dépense qui ne sert à rien, et vous la supprimez (bon, c’était l’exemple le plus facile !).

Bien économiser, c’est passer en revue chacune de ses dépenses et se poser la question : cette dépense m’apporte-t-elle assez de bonheur ?

Il y a des évidences comme la lumière dans les pièces vides ou les frais bancaires. Pour les dépenses discrétionnaires, la question est plus difficile.

Le coiffeur, le taxi, le resto, le cinéma, le café à emporter avant d’aller au travail, le choix de la température en hiver… ces dépenses discrétionnaires peuvent être une composante essentielle du bonheur pour certaines personnes mais une dépense qui n’apporte pas grand-chose pour d’autres.

Nous ne pouvons pas répondre à votre place mais nous pouvons vous poser les bonnes questions.

Certaines dépenses sont faites par habitude, négligence, impulsion, voire addiction. Ces dépenses sont-elles conscientes ? Quels sont les objectifs derrière ces dépenses ? Sont-ils atteints ? Consommer est-il le meilleur moyen de les atteindre ?

Une fois toutes les dépenses passées en revue, économiser consiste à diminuer ou supprimer sans remords celles qui ont un rapport satisfaction/prix trop défavorable.

Rassurez-vous, les bonnes dépenses, celles au rapport satisfaction/prix favorable, sont à conserver et à inscrire au budget. Si vous étiez un économe chargé de fournir un grand restaurant, ces dépenses seraient des produits d’un excellent rapport qualité/prix : aucune raison de les supprimer !

Économiser efficacement, c’est donc retirer le superflu et uniquement le superflu.

 

Épargner : se payer soi-même


L’épargne est la partie du revenu qui n’est pas dépensée. C’est donc « ce qui reste » après la consommation.

Épargne = Revenu – Consommation

Épargner, c’est dégager un excédent budgétaire, la seule situation viable à long terme.

Pour augmenter votre capacité d’épargne, vous pouvez jouer sur les deux tableaux : économiser et/ou augmenter vos revenus. La bonne alchimie dépend de vous. Certaines personnes auront intérêt à se concentrer sur leurs dépenses, d’autres sur leurs revenus.

L’épargne répond en général à un objectif de dépenses différées : vacances, voiture, apport personnel pour achat de résidence principale, congé sabbatique, création d’une réserve d’argent en cas de coup dur…

Si vous avez du mal à épargner, essayez de voir l’épargne comme une charge obligatoire au même titre qu’un loyer. Dès l’encaissement de vos revenus mensuels, versez une somme fixe sur votre compte d’épargne. Cela vous évitera de dilapider le solde du compte en fin de mois.

Le bon gestionnaire considère l’épargne comme une quasi-dépense qui lui apporte une grande satisfaction, puisque qu’elle sécurise à la fois le présent et le futur. Vous réussirez mieux à épargner si vous en comprenez les enjeux et si cela vous apporte du plaisir.

Attention toutefois à l’excès d’épargne, la thésaurisation, qui est paradoxalement plus proche de l’addiction que de la bonne gestion… Un bon économe vous dirait qu’il y a de meilleures manières de maximiser le rapport coût/bonheur !

 

Investir : placer son argent en espérant des revenus dans le futur


Investir son argent, c’est allouer une partie de son argent dans une activité économique avec la perspective d’en tirer un revenu ou une plus-value dans le futur.

Lorsque vous épargnez, vous cherchez la sécurité et la disponibilité. Lorsque vous investissez, vous cherchez le rendement en acceptant une part de risque.

Pour mitiger le risque et laisser l’investissement porter ses fruits, on conseille en général des horizons d’au moins 5 à 8 ans. Vous devez accepter une potentielle indisponibilité de votre capital pendant cette durée, ce qui nécessite d’avoir l’épargne de précaution disponible.

Contrairement à l’épargne, le capital investi n’a pas à être affecté à un projet précis. On peut investir « simplement » pour espérer faire croître son patrimoine… Les usages viendront tous seuls, et seront fonction de la rentabilité de l’opération !

Les principaux vecteurs d’investissement sont l’entreprise et l’immobilier, sous leurs multiples formes (de la boulangerie financée en crowdfunding à l’action Facebook cotée sur le Nasdaq, de la place de parking en bas de chez soi à la SCPI de commerces en Allemagne, les choix sont multiples !).

 

Et sur le plan non financier ?


Économiser c’est se coucher tôt car on prend l’avion à 6h le lendemain : un geste prévoyant adapté aux circonstances.
Épargner c’est se brosser les dents et manger sainement : une routine qui permet de maintenir son capital santé.
Investir c’est apprendre une nouvelle langue, faire du renforcement musculaire, suivre une formation diplômante… : un engagement à long terme qui apporte des bénéfices personnels (et pas forcément financiers !)

Et les trois sont tout aussi importants les uns que les autres.

Aviez-vous les mêmes définitions que nous ?


Cet article a initialement été publié sur le blog de PLENIT FINANCES. Pour le consulter, cliquez ici