Qu’est-ce que la courbe des taux ?


Commençons par ce qu’elle n’est pas !

Ce n’est pas une courbe qui relate l’historique d’un taux d’intérêt.
Cette courbe, qui représente les taux historiques de l’OAT 10 ans, n’est pas une courbe des taux :

(source : site de l’AFT)

 

Qu’est-ce que la courbe des taux ?


Vous savez sans doute que les taux des prêts sont d’autant plus élevés que les maturités sont longues. Un remboursement lointain, c’est un risque plus élevé pour le prêteur et donc un taux plus élevé.

La courbe des taux est la courbe qui permet de visualiser pour chaque maturité le taux d’intérêt qui lui correspond.

Pour reprendre l’exemple de l’OAT, la courbe des taux de l’Etat français est la courbe qui permet de visualiser aujourd’hui les taux des OAT d’échéance 1 an, 5 ans, 10 ans, 20 ans, etc.

La courbe des taux de l’OAT est reprise dans le bulletin mensuel de l’AFT, en page 5. En septembre, elle ressemblait à ceci :

On peut donc lire que les obligations de l’État français s’échangent à

environ -0,50% pour les obligations de maturité 5 ans
environ 0,80% pour les obligations de maturité 10 ans
environ 1,50% pour les obligations de maturité 20 ans
Ce n’est pas un historique des taux, mais une représentation des taux aujourd’hui.

Mais la courbe des taux dépend aussi de l’émetteur. La courbe des taux italienne ne sera pas la même que la courbe de taux française, qui sera différente de l’allemande… On peut ainsi créer une multitude de courbes des taux :

La courbe des taux de l’État français
la courbe des taux des comptes à terme d’une banque X
la courbe des taux d’emprunt immobilier d’un emprunteur Y
la courbe des taux d’un panier d’obligations notées BBB
etc.

 

Où trouver la courbe des taux ?


Malheureusement, beaucoup d’informations liées aux taux sont assez difficiles à trouver en accès libre pour qui n’est pas équipé de Reuters ou Bloomberg.

Voici quelques sources :

La Banque de France pour l’OAT
Le Trésor américain pour la courbe des T-Bonds
SEB Bank pour les taux de swap de différentes devises

 

Comment interpréter la courbe des taux ?


La courbe des taux peut prendre trois formes :

    • La courbe des taux croissante, dite « normale »
    • La courbe des taux décroissante, dite « inversée »
    • La courbe des taux plate

Voici des exemples. La courbe croissante, en bleue, est la courbe des taux de swaps au moment de la rédaction de cet article. Les données sont issues du site de SEB Bank.

Les deux autres sont des exemples créés pour l’occasion, mais réalistes.

 

La courbe des taux normale

La majorité du temps, la courbe des taux est normale, croissante. Les échéances longues sont plus rémunératrices (pour le placeur) et plus coûteuses (pour l’emprunteur) que les échéances courtes. Elle témoigne d’une croissance de l’économie et d’une confiance des investisseurs. Plus elle est pentue, plus les anticipations de croissance sont fortes, car les investisseurs demandent un rendement plus élevé à long terme pour compenser le risque inflationniste.

Les périodes de courbe des taux normale s’accompagnent en général d’un optimisme sur le marché actions.

 

La courbe des taux inversée

Une courbe des taux inversée (dont les échéances courtes sont plus élevées que les échéances longues) témoigne en général d’un affaiblissement avéré de l’économie.

Les investisseurs anticipent que les banques centrales vont baisser les taux directeurs pour soutenir l’économie. Ils achètent alors des obligations longues pour figer des taux jugés intéressants aujourd’hui, entraînant les taux longs à la baisse. Ils délaissent les obligations courtes, soumises au risque de replacement.

Pendant les périodes de courbe des taux inversée, les actions sont en général chahutées car le marché devient dépendant des soutiens monétaires.

 

La courbe des taux plate

Une courbe des taux plate est un phénomène assez rare, souvent transitoire entre une courbe des taux normale et inversée.

Il survient lorsque les investisseurs anticipent un ralentissement économique, en fin de cycle d’expansion. Les investisseurs commencent à délaisser les actifs risqués pour sécuriser leur capital sur des obligations à long terme, entraînant une baisse progressive des taux longs jusqu’au niveau des taux courts.

 

Comment se servir de la courbe des taux pour optimiser ses placements de trésorerie ?


Observer la courbe des taux peut permettre de déterminer jusqu’à quelle maturité il est intéressant de placer sa trésorerie.

Il faut pour cela calculer le rendement additionnel procuré par l’extension de maturité : vous n’avez sans doute pas intérêt à placer votre trésorerie à 4 ans si le rendement est très proche du taux à 3 ans. C’est ce qui se passe actuellement sur les taux de swap (la courbe bleue, modèle de la courbe des taux normale). En revanche, l’allongement de maturité est intéressant entre 4 et 5 ans.

Visuellement, le surcroît de rémunération apporté par la maturité est représenté par une plus forte pente entre deux échéances. Aujourd’hui par exemple, la courbe des taux de l’OAT a une pente élevée entre l’échéance 5 ans et l’échéance 10 ans : un investisseur attiré par le rendement devra chercher à allonger la maturité de son placement au maximum entre ces deux échéances.

 

Attention toutefois aux anticipations !

La forme de la courbe des taux reflète également les anticipations des investisseurs. Une courbe pentue témoigne d’anticipations de hausse des taux. Figer votre placement sur un taux jugé élevé aujourd’hui, c’est peut-être subir un manque à gagner si les taux montent comme anticipé par le marché.

À cet égard, les comptes à terme sont un excellent placement pour la trésorerie d’entreprise car ils permettent de sortir sans pénalité (ou avec des pénalités minimes) s’ils deviennent moins compétitifs à cause d’une hausse des taux, là où des obligations causeraient une perte en capital.

 

Les comptes à terme présentent un profil rendement/risque particulièrement attractif en cette période de taux courts négatifs et d’anticipation de remontée progressive des taux.


Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici