Depuis le précédent Éditaux, tout comme depuis début 2018, les taux sont totalement stables !

2 janvier 2018 7 décembre 2018
Eonia -0,37% -0,36%
Euribor 3 mois -0,33% -0,32%
OAT 10 ans 0,70% 0,67%

 

Quant à l’obligation du Trésor français à 10 ans, elle vit toujours la période la moins volatile de son histoire :

La courbe des taux américains s’aplatit encore et encore


Une fois de plus, le calme plat sur les taux euro contraste avec la situation outre-Atlantique.

Le phénomène d’aplatissement de la courbe des taux que nous évoquions dans l’Éditaux de mai se concrétise et commence à faire l’objet d’une couverture médiatique, ce qui contribue à la nervosité sur le marché des actions.

L’écart entre les taux d’intérêt américains à 2 et 10 ans s’est en effet compressé jusqu’à tomber à son plus bas niveau depuis 10 ans, à +0,10%, tandis que l’écart entre 2 ans et 5 ans s’est inversé : le 2 ans rémunère 2,76 % et le 5 ans 2,74 %.

En général, les investisseurs demandent une rémunération supérieure pour immobiliser leur argent plus longtemps : c’est le principe de la « prime de terme ».

 

Une anticipation de baisse des taux courts…


Pourquoi prêter moins cher à 5 ans plutôt qu’à 2 ans ? Ce choix est souvent guidé par l’anticipation d’une baisse des taux courts.

Mettons-nous dans la peau d’un investisseur obligataire disposant d’un horizon de 5 ans. Il peut placer à 5 ans, mais aussi placer à plus courte échéance, 2 ans par exemple, puis replacer à 3 ans au terme de ce premier placement. Dans ce cas, il est à la merci de l’incertitude sur les taux qui prévaudront dans 2 ans.

Privilégier les placements longs, c’est anticiper que les renouvellements de placements courts se feront à des conditions moins intéressantes. C’est ce qui se passe actuellement : les acheteurs d’obligations sont prêts à accepter une rémunération légèrement plus faible sur le long terme que sur le court terme, en échange de certitude. Ce qui est pris est pris !

 

… souvent prélude à une récession


Ce qui effraie le marché, c’est le caractère prédictif de cette pente inversée : par le passé, un affaissement de la pente a souvent précédé de quelques trimestres les récessions américaines. Outre leur aspect prémonitoire, les inversions attaquent directement la profitabilité du secteur bancaire, ce qui se répercute sur les conditions de crédit. Il ne s’agit pas que d’une superstition !

En parallèle, la turbulence boursière que nous traversons entretient l’attrait pour les obligations longues : depuis novembre, le 10 ans américain a ainsi chuté en ligne droite de 3,2 % à moins de 2,9 %… précipitant l’aplatissement de la courbe.

 

Les taux monétaires américains ont-ils atteint un plateau ?


Intéressons-nous maintenant aux taux monétaires américains.

La Réserve Fédérale américaine a relevé huit fois ses taux depuis 2015 et s’apprête à resserrer encore le robinet d’ici la fin de l’année. En outre, elle infléchit son programme exceptionnel de soutien au marché, en réduisant son bilan de 50 milliards de dollars tous les mois. Ces deux facteurs sont a priori haussiers pour les taux.

Mais la fermeté et l’assurance qui prévalaient encore lors des dernières réunions de politique monétaire tombent petit à petit. Des messages accommodants se multiplient, comme cette déclaration de du président de la Fed de Dallas, Robert Kaplan, qui estime que la Fed se trouve dans une période « plus difficile » en raison du ralentissement de la croissance mondiale et de l’impact des hausses de taux. Même précision pour Jérôme Powell, qui affirme que le niveau des taux s’approche de la neutralité pour l’économie.

Ce n’est encore pas un volte-face, mais presque…

Côté macro, l’agence de notation financière S&P a affirmé dans une note que l’économie américaine, après 113 mois d’expansion, avait « atteint un pic ».

 

Alors, une récession est-elle possible en 2019 ?


Nous laissons à d’autres ce pronostic !

Mais ce que l’on peut affirmer avec certitude, c’est que les signaux venant des États-Unis tombent au mauvais moment pour la Banque Centrale Européenne, qui comptait bien, comme annoncé de longue date, retirer petit à petit son soutien au marché dès le début de l’année 2019…

La réunion du 13 décembre précisera comment elle compte, dès janvier, piloter la taille de son bilan. Peu de surprises à attendre sur ce point précis, mais l’on scrutera avec attention toute information sur le délicat pilotage du niveau des taux courts. Pourra-t-elle raffermir ses taux en 2019 alors que le reste du monde préparera la redescente ?

 

Dans ce contexte, que faire avec sa trésorerie ?


Malheureusement pour les trésoreries excédentaires, l’Euribor et Eonia devraient rester négatifs toute l’année 2019.

Pour le trésorier, il faudra donc continuer à utiliser les solutions qui évitent les taux négatifs : dépôts à terme progressifs, comptes courants rémunérés… sans toutefois attendre de miracle sur les taux.

Il faudra aussi se montrer ingénieux pour la trésorerie longue : nous sommes convaincus qu’un surcroît de rendement peut être obtenu grâce à la bonne connaissance des passifs, c’est à dire des décaissements à venir.

À quelle échéance se situent vos besoin de trésorerie ? Pouvez-vous cantonner une poche de trésorerie à moyen ou long terme ? Ce seront les questions à vous poser tout au long de l’année 2019 pour pouvoir investir sur des produits plus rémunérateurs que les produits monétaires.


Cet article a initialement été publié sur le blog de PANDAT FINANCE. Pour le consulter, cliquez ici