A l’ère du tout numérique, le secteur de l’éducation est plus que jamais concerné et l’heure est à la transformation des pratiques pédagogiques. Le Plan numérique pour l’éducation, lancé en 2015, vise in fine à répondre aux nouvelles ambitions sociétales et à préparer les nouvelles générations à être actrices du monde de demain. Se pose alors la question des équipements et des espaces scolaires ; quels rôles jouent-ils ?

 

Transformation sociétale 


L’enjeu porté par le numérique est profondément sociétal. Lancé en 2015, le Plan numérique pour l’éducation a pour but de permettre à tous de profiter de l’ensemble des opportunités offertes par le numérique. Les élèves doivent pouvoir devenir des citoyens responsables et autonomes, préparés aux emplois digitaux de demain. Il s’agit également d’enseigner différemment pour acquérir des compétences qui répondent aux attentes des entreprises comme l’autonomie, l’esprit critique et l’argumentation par exemple.

Comprendre la pensée informatique notamment va se révéler être une compétence essentielle pour évoluer avec son temps, dans une société où la connexion et les algorithmes vont prendre une place considérable. Le numérique est le moyen d’acquérir ces nouvelles compétences grâce à ses usages comme les réseaux sociaux, les outils d’accès et de production de l’information, les méthodes de communication… Il s’agit de préparer les élèves au monde qui les attend. Sécurité, raisonnement structuré, production analytique, l’avenir s’inscrit au-delà du consultatif auquel les générations passées ont été formées.

Engager une transformation du mode de l’apprentissage est indispensable pour y arriver. L’élève doit être plus impliqué de façon individuelle mais aussi collective. On va du passif à l’actif avec des travaux en ateliers dans une classe mobile et flexible. Véritable défi de toute une société, la mise en œuvre du projet repose ainsi sur quatre piliers : la formation, les ressources, l’équipement et l’innovation. 

 

La nécessaire révision des espaces scolaires 


Le sujet des aménagements des salles de classe n’est pas nouveau mais le numérique remet à l’ordre du jour les réflexions. La transformation de l’enseignement passe indubitablement par la conception et la révision des espaces scolaires pour favoriser l’émergence de la Nouvelle Classe Scolaire, celle de demain. Il est impératif que les espaces s’adaptent pour enseigner différemment avec de nouveaux équipements, allant au-delà de simples tablettes.

A chaque classe son espace, où l’apprentissage sera impulsé par l’élève. On peut constater le retour à des propositions comme la classe inversée, pédagogie des années 60’s qui offre de nouveaux formats d’appropriation de l’enseignement. Les élèves travaillent sur un savoir et le présentent. Le professeur n’est plus le seul détenteur des contenus.

L’enseignant s’approprie lui aussi l’espace scolaire et le met en scène. Le format standard du tableau noir et de la rangée de tables et chaises se veut obsolète. En fonction des projets menés dans les classes, le mobilier doit aussi casser les codes traditionnels et devenir mobile, flexible et plus agile pour favoriser l’innovation (travail en mode projet, création vidéo, partage social de l’information…). Nous assistons à un réaménagement de l’espace scolaire qui s’ouvre sur son environnement.

 

Le bien-être, une des nouvelles priorités 


Les réflexions autour de l’équipement scolaire se tournent également vers des solutions de bien-être pour les élèves afin de répondre à un déficit de l’attention, problématique souvent expérimentée par tout un chacun.

Les jeunes français se disent pour 29%, très tendus en cours1. Plus encore, 73,3% des élèves aiment un peu, voire pas trop ou pas du tout aller à l’école ou au collège2. En cause, des infrastructures vieillissantes, démodées ou dépassées par les usages des nouvelles générations. Le réaménagement des espaces scolaires pourrait y remédier et surtout replacer les élèves dans une dynamique vertueuse. 

L’enjeu est ainsi de trouver une nouvelle logique dans laquelle les élèves se sentent plus à l’aise, notamment à travers différents critères :

  • Repenser la salle de classe : remplacer les murs par des parois de verre pour ouvrir les espaces, contrer l’austérité et le sentiment d’enfermement. Y installer également des zones de conforts délimitées, plus décontractées, d’ateliers modulaires et de travail individuel pour contribuer au bien-être des personnalités diverses, quelles soient calmes ou plus énergiques. Une expérimentation française fait ses preuves, au sein de l’académie de Versailles avec son projet « Bouge ta cl@sse » qui vise à repenser les lieux éducatifs et proposer un aménagement innovant. Espaces pour apprendre à coder sur robots dès la maternelle, visioconférences en anglais, apprentissage debout ou assis au sol, la nouvelle classe se dessine déjà.
  • Réaménager en recyclant le matériel existant : il s’agit pour les enseignants de pratiquer eux-mêmes l’agencement de leur classe pour l’adapter à leurs nouvelles méthodes scolaires. C’est déjà le cas dans un collège de Pau, où un professeur a impliqué ses élèves dans la construction d’un nouvel espace d’apprentissage pour reconquérir leur attention. Coin lecture, espaces d’autonomie et d’entraide collective, supports vidéos qui fascinent les élèves, mange-debout proposés à la place de chaises, décoration avec des plantes… C’est une réussite.
  • Prendre en compte l’environnement : le bruit comme la lumière peuvent favoriser ou non l’attention. Installer un éclairage modulable en fonction du moment de la journée peut permettre de jouer sur la concentration.
  • Faire évoluer les espaces de vie : couloirs, halls, cour de récréation… ils font aussi parti du changement. Souvent des lieux d’attente entre deux cours, les couloirs ne sont pas que des espaces de circulation. Ils pourraient être optimisés avec des banquettes, tables pour se transformer en lieux de retrouvailles, d’échanges ou de travail. De même, la cour de récréation n’est pas qu’un défouloir et peut devenir un espace d’expériences artistiques ou encore environnementales. Y concevoir une zone calme, loin du bruit serait également propice au bien-être des jeunes.

 

S’inspirer de ce qui marche ailleurs 


Allier tableau blanc et écran numérique pour capter l’attention des élèves, utiliser des robots, intégrer du code informatique dans l’apprentissage ou travailler dans des espaces détente avec canapés et poufs dans la classe, la Finlande fait figure de modèle en matière de Nouvelle Classe Scolaire. Pour preuve, le pays était 5e dans le peloton de tête du dernier classement Pisa3, évaluant la performance des systèmes scolaires dans le monde.

Le Danemark est également un exemple à suivre qui illustre une nouvelle philosophie de l’enseignement, portant autant sur les disciplines que sur l’organisation des cours et le système pédagogique. Pour exemple, le lycée d’Ørestad, bâti telle une superstructure spacieuse propose des zones d’études, de cours, de rassemblement ou de relaxation pour rythmer la journée tout en lumière.

Les perspectives éducatives sont à l’orée d’une nouvelle ère. L’apprentissage se tourne désormais vers un environnement d’étude, plus dynamique et proche de la vie de tous les jours, qui intègre les technologies de l’information comme outils d’enseignement indispensables. La communication, l’interactivité et la synergie sont les mots clés de cette nouvelle vision qui reflète une tendance mondiale. 


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