Parler d’argent sereinement est souvent difficile.

Quelques conseils pour transformer une situation gênante en une discussion enrichissante.

 

Entre amis : selon les opportunités


Le plus facile : commencer par l’immobilier

Pour parler d’argent entre amis, choisissez le bon contexte. Les réunions en petit comité, voire en tête à tête, sont les plus adaptées. Votre ami évoque son projet immobilier ? Embarquez la discussion sur l’épargne et le budget. Dans le contexte d’un projet, il sera plus à même de se confier.

Il ne s’agit pas d’être curieux ou invasif mais de partager une vision et de vous enrichir mutuellement. Confrontez vos différences, vos façons de gérer : a-t-il dédié un budget spécifique pour l’apport immobilier ? A-t-il coupé dans certaines dépenses ? Le PEL a-t-il été utile ?

Si la discussion prend, vous pourrez, quelques jours après, entretenir la discussion en lui suggérant des idées, en partageant des liens internet… De quoi commencer à construire un réseau avec qui discuter finance de façon décomplexée !

 

Parfois, les situations sont moins heureuses

À la terrasse d’un café, cinq amis se retrouvent. Le serveur prend les commandes : des cocktails, des bières d’abbaye… et une 1664, 25 cl, la moins chère de la carte. Un nœud dans la gorge, l’un de nos amis espère que personne n’aura l’idée de partager l’addition, lui qui se nourrit de ramen (ces nouilles instantanées chinoises) depuis une semaine.

Si tout le monde avait une situation assez proche au lycée, les différences peuvent se creuser avec le temps. Mais ne soyez pas gêné de proposer des sorties à vos amis dont vous savez le budget contraint. Un budget tendu ne doit pas être une cause d’exclusion.

Évitez de payer systématiquement pour un membre du groupe moins fortuné, il aura vite fait de se sentir redevable et de supporter une charge mentale en plus de la charge financière.

Entre amis, l’important est de créer des bons moments et des souvenirs à partager, et cela ne nécessite pas forcément de dépenser beaucoup. Ne l’évoquez pas forcément directement, mais montrez que vous tenez compte de cette contrainte dans le choix des sorties.

 

En couple : un budget pour rester objectif


Comment gérer les finances en couple lorsque l’un est très cigale et l’autre très fourmi ?

Pour réconcilier ces visions et mettre de l’objectif dans l’émotionnel, un budget est indispensable.
C’est l’occasion de parler de vos plans et vos styles de consommation personnels. Les cigales savent comment obtenir le bonheur immédiat, tandis que les fourmis permettent la réalisation de projets à plus long terme. Chacun a à apprendre de l’autre.

Parlez-en tôt, idéalement avant d’emménager ensemble, car les premières grosses dépenses arrivent ensuite très vite !

Allez-vous ouvrir un compte-joint ? Sera-t-il limité aux dépenses communes, ou pourra-t-il aussi supporter les dépenses personnelles ? Quel montant allez-vous verser : l’intégralité de vos revenus ? Un montant égal ? Un montant proportionnel aux revenus de chacun ?

Ces choix ne sont pas anodins car ils mettent en évidence vos styles personnels : préférence pour l’égalité ou l’équité, envie d’un partage fusionnel, besoin d’un jardin secret… Dans tous les cas, il faudra accepter de ne plus avoir le contrôle à 100% !

 

Avec ses enfants : l’exemple plutôt que la parole


Votre responsabilité est importante : les enfants reproduiront plus tard le modèle familial.

Faites-les participer aux achats : cela peut être aussi simple que de tendre la pièce à la boulangerie. Expliquez d’abord que l’argent permet d’obtenir des biens, que l’on peut les obtenir aujourd’hui ou demain, mais que l’on ne peut pas tout avoir : il faut toujours faire des choix.

Présentez ensuite l’argent comme rémunération d’un travail : cela permettra d’éclaircir un peu le grand mystère qui contraint les parents à quitter le domicile chaque matin pour aller on ne sait où !

L’argent de poche est l’occasion d’apprendre aux enfants à gérer un budget et à différencier consommation et épargne. Une première occasion de construire leur personnalité financière : seront-ils plutôt impulsifs ou patients ? Ne sous-estimez pas les enfants : le Test du Marshmallow prouve qu’ils savent très bien attendre lorsqu’ils savent pourquoi !

C’est aussi l’occasion d’introduire la valeur de l’honnêteté : même si on aimerait avoir plus d’argent, on ne pique pas dans le portefeuille des parents ou dans la tirelire du petit frère !

 

Entre collègues : la transparence pour lutter contre les injustices


Toutes les entreprises ne sont pas aussi transparentes que Thermador, chez qui tous les salaires sont publics.

Comment réagir lorsque votre collègue vous demande combien vous gagnez ou quel a été votre variable cette année ? Comment éviter rancœurs et frustrations s’il gagne 20% de moins que vous ?

Cherchez d’abord à comprendre le contexte de cette demande. En général, il cherche à savoir s’il peut négocier une augmentation. Et pour cela, l’aider à négocier sera plus utile que de dévoiler votre salaire au centime près.

Si vous n’êtes pas à l’aise, annoncez une fourchette ou demandez-lui son propre salaire et indiquez-lui s’il a une marge de progression. S’il est bien moins payé que vous, remettez la situation en contexte : combien étiez-vous payé à son âge ou à son niveau d’ancienneté ? Travaillez-vous sur un sujet en particulier qui justifie aux yeux de votre direction la différence ? Comment peut-il mettre en valeur son travail ?

Souvent, les RH comptent sur le tabou des salaires pour faire perdurer des inégalités, notamment entre hommes et femmes. En aidant vos collègues à mieux négocier, vous contribuerez à une société plus juste qui rémunère le travail plutôt que la capacité à négocier.

 

En conclusion : parlez concret pour dépassionner les discussions


L’argent n’est qu’un moyen. Lorsque l’on parle d’argent, on parle en réalité de la manière d’en gagner (salaire, argent de poche, investissements…), de le dépenser (logement, sorties, épargne…) ou de faire le lien entre les deux (budget).

Pour parler sereinement d’argent, concentrez-vous sur ces aspects, bien plus concrets et dépassionnés que des montants jetés en l’air.


Cet article a initialement été publié sur le blog de PLENIT FINANCES. Pour le consulter, cliquez ici